Ca devait bien finir par arriver. Mes droughies.
Trois ans d’embellie, c’était trop beau. Je me souviens qu’ici même, début 2010, Nine m’avait dit qu’elle sentait « bien » cette période là, que tout s’arrangerait. Elle avait raison. Jusqu’en 2013, j’ai eu ma trêve, ma « rémission ». J’ai découvert Facebook à ce moment là et ça m’a donné envie de faire comme les autres, de pouvoir montrer moi aussi ce que j’étais (peut-être) capable de faire. Oh, pour moi, ça signifie des trucs anodins pour toute personne « normale ». Mais aller chez le coiffeur, au ciné, à la plage, sortir, quoi, c’était énorme. Donc j’ai fait autant de photos souvent sans grand intérêt que possible, et je les ai postées, en racontant mes petites aventures. Mais là j’ai plus grand-chose à dire, et même plus envie de dire ni de faire grand-chose.
« Ca » est revenu. Et en force.
2013 a été une année de transition. J’ai senti que je « redescendais », que la merde allait pas tarder à toucher le ventilo mais j’ai pas su ou voulu quoi faire.
Et puis il y a environ un mois j’ai eu une crise de vertiges, un soir, tard. J’ai fait venir le médecin, et ai appelé ma mère pour qu’elle soit à mes côtés. J’étais en panique totale, me sentant complètement seule et sur le point de mourir. L’Homme et les filles étaient là pourtant, mais lui s’est couché avant l’arrivée du doc et les gamines, les pauvres, elles flippaient… Le médecin m’a auscultée et a conclu qu’il n’y avait rien de grave, que probablement ces vertiges « bénins » avaient déclenché une attaque de panique qui elle-même entretenait désormais les vertiges, etc. Le cercle vicieux. Et depuis c’est le désastre. Je n’ai de répit (et encore) que quand je dors, mais à la seconde de mon réveil c’est cœur à 200 à l’heure et littéralement terreur de la journée à affronter. Pourtant, vu que je suis complètement décalée (je m’endors vers 5h00 et me lève vers 14h00, mais réveillée en sursaut toutes les heures et rebelote la galère pour me rendormir), bref, il reste finalement peu de « journée » à affronter.Au temps pour la vie de famille, hein. Mais ces moments là je les passe en tremblant comme une feuille, la tête qui tourne, les jambes en coton, certaine que je ne vais pas survivre. Ces vertiges m’obsèdent et me crucifient.
Je prenais déjà pas mal de médicaments, maintenant j’en prends aussi contre les vertiges (plus ou moins de mon propre chef), et bien sûr les anxiolytiques ne doivent pas arranger l’état d’hébétude perpétuel dans lequel je suis. Mais je ne peux pas les arrêter, les attaques de panique sont trop terribles.
Mes migraines, toujours elles, sont devenues quasi-chroniques, j’ai perdu beaucoup de poids parce que je ne vois pas trop l’intérêt de me nourrir et puis de toutes façons j'ai une énorme boule dans la gorge, je ne me maquille plus : je me lave et je mets au pif ce qui me tombe sous la main pour ne pas être à poil, mais c’est tout. Je me dis « à quoi bon » ? Puisque de toute façon j’ai constamment l’impression que je vais mourir. J’ai peur, tout le temps. De devenir folle aussi. Je pleure, je me sens minable, j’ai honte et en même temps je suis comme clouée sur place. Je ne sors plus, je me sens ou me crois ? trop faible, et puis sortir c’est être exposée, au milieu de gens, loin de tout endroit safe.
Le problème justement c’est que je n’ai même plus d’endroit safe où me réfugier. Chez moi j’ai peur. Dehors j’ai peur. J’ai passé deux nuits chez mes parents (oui je sais à mon âge c'est pitoyable) en me disant qu'en cas de problème (haha) ils prendraient soin de moi. Le pire c'est que ça ne marche même pas, je suis là aussi une boule de nerfs et d'angoisse en attente de (à guetter?) ce qui va ou pourrait m'arriver d'horrible. Ce n’est pas que l’Homme s’en fout mais dans ces circonstances je l’énerve et il n’est pas disposé à me rassurer. Au contraire, il me pose des ultimatums, me dit de me secouer sinon… Peut-être qu’il a raison, que c’est la chose à faire. Et c'est vrai que j'aurais besoin d'une vie plus structurée, avec une horloge biologique plus "normale" _encore une fois, et une activité. Parce que là c'est sûr qu'après avoir fait mes quelques tâches ménagères incontournables (et avec quelle peine!), je me retrouve assez auto-centrée, avec tout le loisir de voir et sentir ce qui déraille. Ou pourrait dérailler. Mais là dans l'immédiat, inutile de penser à travailler. Déjà, écrire ce billet me demande un effort considérable, c'est dire.
En attendant, je suis de retour chez papa/maman, mon mari et mes filles passant une semaine au ski. Je n’ai même pas essayé d’y aller, je m’en sentais totalement incapable. Mon psy et mon médecin traitant m’ont dit que je devais y aller, que ça ne pouvait me faire que du bien. Mais franchement si je suis dans cet état allongée sur un lit chez mes parents, comment pourrais-je ne serait-ce que faire le trajet jusque là-bas sans péter un câble ? Et puis j’ai cette sensation d’irréalité permanente, l’impression d’être défoncée et totalement désorientée. J’ai du mal à savoir quel jour on est, ou plutôt à « ressentir » ce genre de choses. C’est difficile à expliquer.
Je revois donc un psy. Un autre. Deux séances, et en une semaine il avait complètement oublié pourquoi je venais le voir, et pourtant Dieu sait ce que ça me coûte comme volonté et comme angoisse d’aller jusqu’à chez lui. Bien sûr il m’a prescrit des anti-dépresseurs, à une dose un peu supérieure à celle que j’ai déjà eue. Mais sinon je n’ai pas l’impression qu’il essaie de comprendre. Enfin, deux séances, c’est peu pour juger, je lui laisse une chance.
Voilà, en gros. Je suis dans un état proche de celui qui vous vient en tête, je suis une mère et une épouse abominable en ce moment, et pour l’instant je ne vois pas comment me sortir de ce merdier.
Désolée d’être si plombante. Toutes les suggestions et les avis sont les bienvenus, évidemment.
A plus !